Bien que rares, les cancers pédiatriques représentent une cause importante de morbidité et de mortalité chez l’enfant. Ils se distinguent de ceux de l’adulte par leurs caractéristiques biologiques et leur évolution, et nécessitent une prise en charge spécifique dans des centres spécialisés.
Plan de l'article
Les caractéristiques générales des cancers de l’enfant
Les cancers pédiatriques présentent des particularités qui les distinguent nettement de ceux de l’adulte. Alors que les cancers chez l’adulte sont le plus souvent liés à des facteurs environnementaux ou au vieillissement cellulaire, ceux de l’enfant apparaissent généralement de manière plus brutale, sans cause clairement identifiée. Ils touchent principalement des cellules immatures en cours de développement, ce qui explique qu’ils concernent davantage les tissus sanguins, le système nerveux ou les tissus embryonnaires.
Sur le plan de l’évolution, les cancers de l’enfant sont souvent considérés comme plus agressifs au moment du diagnostic. Toutefois, ils répondent aussi mieux aux traitements, avec des taux de guérison nettement supérieurs à ceux observés chez l’adulte, en particulier lorsqu’ils sont pris en charge rapidement dans des centres spécialisés.
En termes d’incidence, le cancer de l’enfant reste une maladie rare. En France, on estime qu’environ 2.500 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année chez les moins de 18 ans, faisant du cancer la deuxième cause de mortalité chez l’enfant après les accidents. À l’échelle mondiale, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) rapporte environ 400.000 nouveaux cas par an chez les enfants et les adolescents. Ces chiffres rappellent à la fois la rareté de ces cancers et l’importance des efforts de recherche et de prévention pour améliorer encore la survie et la qualité de vie des jeunes patients.
Les tumeurs osseuses
Parmi les cancers pédiatriques, les tumeurs osseuses occupent une place particulière, avec deux formes principales :
- L’ostéosarcome,
- Le sarcome d’Ewing.
L’ostéosarcome est la tumeur osseuse maligne la plus fréquente chez l’enfant et l’adolescent. Le sarcome d’Ewing, plus rare, touche surtout les enfants un peu plus jeunes.
Ces tumeurs apparaissent généralement au niveau des os longs, comme le fémur ou le tibia, en particulier près du genou, mais elles peuvent également se développer au niveau du bassin ou d’autres os. Les premiers symptômes passent parfois inaperçus, car ils se traduisent par des douleurs persistantes, souvent confondues avec des douleurs de croissance ou liées à une activité sportive. Un gonflement ou une gêne fonctionnelle peut aussi alerter.
Le diagnostic précoce est essentiel pour améliorer les chances de guérison. La prise en charge repose le plus souvent sur une combinaison de traitements, associant chirurgie pour retirer la tumeur et chimiothérapie pour limiter le risque de récidive et traiter d’éventuelles cellules cancéreuses disséminées. Dans certains cas, une radiothérapie peut être envisagée, notamment pour le sarcome d’Ewing.
Quel que soit le cancer des os impliqué, ces tumeurs, bien que graves, connaissent aujourd’hui des taux de survie en nette amélioration grâce aux progrès des traitements multimodaux et à une meilleure spécialisation des centres de soins.
Les leucémies
Les leucémies sont les cancers pédiatriques les plus fréquents et représentent environ un tiers des cas. Elles correspondent à une prolifération anormale de cellules sanguines immatures dans la moelle osseuse.
On distingue principalement la leucémie aiguë lymphoblastique, la plus répandue, et la leucémie myéloïde aiguë, plus rare mais souvent plus agressive.
Les premiers signes peuvent être discrets avec une fatigue inhabituelle, une pâleur persistante, des saignements faciles, l’apparition d’ecchymoses, ou encore des infections répétées.
Le traitement repose sur une chimiothérapie intensive, parfois suivie d’une greffe de moelle osseuse selon la gravité et le profil de la maladie. Grâce aux progrès thérapeutiques, la leucémie aiguë lymphoblastique atteint aujourd’hui des taux de guérison qui dépassent 80 % dans de nombreux cas.
Les tumeurs cérébrales
Les tumeurs cérébrales constituent la deuxième cause de cancer chez l’enfant après les leucémies. Elles regroupent des formes variées, dont les plus fréquentes sont le médulloblastome, les gliomes et les épendymomes.
Leur présentation clinique dépend beaucoup de leur localisation dans le cerveau. Des céphalées persistantes, des nausées ou des vomissements inexpliqués sont fréquents. D’autres symptômes peuvent apparaître, comme des troubles visuels, des difficultés d’équilibre ou de coordination, ou encore des changements de comportement et de concentration.
La prise en charge associe souvent la chirurgie, qui vise à retirer la tumeur, à la radiothérapie ou à la chimiothérapie selon l’âge de l’enfant et le type de tumeur. Les progrès techniques et le suivi multidisciplinaire ont permis d’améliorer les taux de survie, mais ces cancers nécessitent encore une attention particulière en raison du risque de séquelles neurologiques.
Les lymphomes
Les lymphomes représentent une autre forme importante de cancer pédiatrique et concernent le système lymphatique, qui joue un rôle central dans l’immunité. On distingue deux grands types, le lymphome de Hodgkin et le lymphome non hodgkinien. Le premier se rencontre surtout chez l’adolescent et l’adulte jeune, tandis que le second peut apparaître plus précocement dans l’enfance.
Par rapport à l’adulte, les lymphomes pédiatriques se caractérisent souvent par une évolution plus rapide, mais aussi par une meilleure réponse aux traitements. Les symptômes varient selon les organes atteints, mais on observe fréquemment une augmentation du volume des ganglions, de la fièvre inexpliquée, une perte de poids ou une fatigue persistante.
Le pronostic est généralement favorable grâce aux traitements modernes, qui reposent sur la chimiothérapie, parfois associée à la radiothérapie ou à l’immunothérapie. Dans la majorité des cas, une guérison durable peut être obtenue lorsque la maladie est diagnostiquée précocement et traitée dans un centre spécialisé.
Les neuroblastomes
Le neuroblastome est une tumeur pédiatrique rare qui prend naissance dans le système nerveux sympathique, réseau impliqué dans le contrôle de nombreuses fonctions automatiques de l’organisme. Il se développe généralement à partir des cellules de la glande surrénale ou le long de la chaîne nerveuse située près de la colonne vertébrale.
Cette forme de cancer survient le plus souvent chez les jeunes enfants, en particulier avant l’âge de 5 ans. Elle peut parfois être diagnostiquée dès la petite enfance ou même détectée avant la naissance grâce aux échographies prénatales.
L’évolution du neuroblastome est très variable. Certaines formes localisées peuvent régresser spontanément ou être contrôlées efficacement par la chirurgie. À l’inverse, les formes métastatiques, qui se propagent aux os, au foie ou à la moelle osseuse, nécessitent des traitements intensifs associant chimiothérapie, chirurgie, radiothérapie et parfois immunothérapie. Cette diversité rend le pronostic très hétérogène, allant de guérisons complètes dans les formes limitées à des prises en charge complexes dans les formes avancées.
Autres cancers pédiatriques plus rares
En dehors des leucémies, des tumeurs cérébrales, des lymphomes et des tumeurs osseuses, il existe d’autres formes de cancers pédiatriques plus rares mais importantes à connaître.
Le néphroblastome, aussi appelé tumeur de Wilms, est la principale tumeur rénale de l’enfant. Il survient le plus souvent avant l’âge de 5 ans et se manifeste par une masse abdominale, parfois associée à une douleur ou à une présence de sang dans les urines. Le traitement combine généralement chirurgie, chimiothérapie et, dans certains cas, radiothérapie, avec un pronostic souvent favorable si la maladie est détectée tôt.
Le rhabdomyosarcome est une tumeur maligne des tissus mous qui touche les muscles ou les tissus voisins. Il peut apparaître dans différentes régions du corps, notamment la tête, le cou, la vessie ou les membres. Sa prise en charge repose sur une association de chimiothérapie, chirurgie et radiothérapie selon la localisation et l’extension.
Le rétinoblastome est une tumeur rare de la rétine, l’arrière de l’œil, qui touche principalement les enfants de moins de 5 ans. Il se manifeste souvent par un reflet blanc dans la pupille (leucocorie) ou par un strabisme. Le diagnostic précoce est crucial, car il permet non seulement de sauver la vision mais aussi la vie de l’enfant. Les traitements associent chirurgie, chimiothérapie, laser ou cryothérapie selon la taille et la localisation de la tumeur.
Ces cancers plus spécifiques restent rares, mais leur reconnaissance rapide et leur traitement adapté dans des centres spécialisés permettent aujourd’hui d’obtenir de bons résultats thérapeutiques dans de nombreux cas.
Leucémies, tumeurs cérébrales, lymphomes, tumeurs osseuses ou formes plus rares comme le rétinoblastome, les cancers pédiatriques sont variés et parfois complexes. Grâce aux progrès thérapeutiques, les taux de survie se sont nettement améliorés, mais un diagnostic précoce et une prise en charge adaptée restent essentiels pour offrir aux jeunes patients les meilleures chances de guérison.