Banques françaises en difficulté : quelles sont-elles ?

Moody’s n’a pas pris de gants. En mai 2024, l’agence a pointé du doigt plusieurs banques françaises, les plaçant sous surveillance négative, citant d’un côté la pression croissante de la dette publique, de l’autre des marges d’intérêt qui s’étiolent. Les agences de notation préviennent : la capacité de résistance du secteur bancaire hexagonal ne tient plus seulement à la robustesse interne des établissements. Désormais, tout se joue aussi sur des terrains extérieurs, instabilité politique, cadre réglementaire mouvant, incertitude économique.

Les chiffres livrés par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution sont sans appel : certains établissements tutoient dangereusement les seuils de solvabilité, pendant que d’autres renforcent prudemment leurs dispositifs face aux créances douteuses. Ce contraste révèle une réalité : la santé des banques françaises n’est pas uniforme, mais marquée par des vulnérabilités variables selon les acteurs.

Panorama de la sécurité bancaire en France : où en sont les établissements aujourd’hui ?

Le système bancaire français traverse une phase de turbulences rarement observée dans l’histoire récente. Pourtant, l’ensemble des institutions ne vacille pas : certaines grandes banques, qualifiées de systémiques comme BNP Paribas, Crédit Mutuel ou Banque Postale, affichent toujours des niveaux robustes de liquidités à long terme (LCR), au-delà du seuil fixé par l’Europe. Cela montre une vraie capacité d’amortir le choc si la tempête éclate. Mais l’attention ne porte plus uniquement sur ces ratios : la qualité concrète des actifs liquides, ce matelas discret qui absorbe les coups, est passée au crible. C’est ici que se joue la résilience réelle en moment de crise.

N’oublions pas le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution (FGDR). Ce mécanisme discret protège jusqu’à 100 000 euros par déposant et par établissement en cas de faillite. Le pan assurance-titres couvre, lui, jusqu’à 70 000 euros. Si la plupart des clients méconnaissent ce système, il constitue bel et bien une digue silencieuse pour préserver la confiance collective.

Certains groupes mutualistes, par exemple Crédit Mutuel Arkéa, misent sur la prudence et une gestion maîtrisée des risques au niveau local. Dans le même temps, d’autres établissements, plus ancrés dans la dette souveraine, se retrouvent scrutés de près par les agences de notation. L’Europe maintient également une surveillance constante via la Banque Centrale et les instances de résolution, prêtes à intervenir au besoin.

Trois points focalisent aujourd’hui l’attention : le ratio de liquidité, la vraie nature des actifs détenus et la couverture apportée par la garantie des dépôts. Les banques françaises n’ont d’autre choix que d’ajuster leur modèle, tiraillées entre l’exigence réglementaire et l’incertitude économique ambiante.

Quels sont les principaux risques qui fragilisent certaines banques françaises ?

Les failles qui pèsent sur les établissements bancaires ne résultent pas d’un seul déséquilibre. Plusieurs facteurs se conjuguent et accentuent la pression. Au premier plan, la dépendance à la dette de l’État : dès lors que l’État emprunte massivement, les banques, détentrices d’obligations souveraines, deviennent vulnérables. Un simple doute sur la signature de la France ou une envolée des taux, et la valeur de ces titres fond, mettant immédiatement les bilans sous tension.

La hausse rapide des taux d’intérêt depuis 2022 n’a rien arrangé. Les banques, historiquement friandes d’actifs à taux fixe, voient leurs portefeuilles perdre de la valeur d’un trimestre à l’autre. Et le risque de crédit s’aggrave : multiplication des défauts sur les prêts immobiliers ou aux entreprises, ménages fragilisés par l’économie en berne… à chaque incident, la vulnérabilité du modèle bancaire s’expose un peu plus.

Le risque systémique, lui, agit comme une épée suspendue. Un grand établissement qui dévisse, et c’est la solidité du système entier qui est menacée. En cas de tensions, la circulation rapide des fonds entre établissements, la volatilité financière et la recherche de cash compliquent la situation à grande vitesse.

La confiance reste alors la variable la plus imprévisible. Il suffit d’une rumeur, d’un doute infondé ou réel, pour enclencher une vague de retraits. Le phénomène du “bank run” force les banques à vendre à perte, accélérant l’engrenage. On a beau prendre les leçons du passé, rien ne remplace la transparence et la rapidité de réaction.

Comparatif : quelles banques françaises apparaissent les plus exposées selon Moody’s et les indicateurs clés ?

Le dernier rapport signé Moody’s trie clairement le secteur entre institutions robustes et acteurs à surveiller de près. Si la plupart des banques françaises affichent un haut niveau de liquidité et de solvabilité, certains établissements reviennent avec insistance dès qu’on évoque des signaux d’alerte.

Prenons les géants du secteur. BNP Paribas et Société Générale gèrent une part colossale des actifs bancaires. Leur exposition à la dette souveraine, associée à leur poids dans le système européen, les rend nerveuses à la moindre crise. Moody’s souligne notamment des tensions sur le ratio de liquidité à court terme (LCR), un indicateur qui mesurerait leur résistance face à une vague de retraits inédite. La Banque Postale, elle, subit une dégradation progressive de la qualité de ses actifs liquides, amenuisant sa marge de sécurité.

Selon Moody’s, voici les établissements à surveiller de près et la raison pour laquelle ils sortent du lot :

  • BNP Paribas : ratio LCR satisfaisant mais forte exposition à la dette publique
  • Société Générale : ratio LCR en baisse, dépendance grandissante au financement sur les marchés
  • Banque Postale : actifs liquides en recul, coussin de sécurité qui s’amincit
  • Crédit Mutuel : situation tenue, portefeuille diversifié

Plus encore que la taille du bilan, c’est la combinaison entre concentration des actifs liquides, niveau de dépendance vis-à-vis de la dette de l’État et faculté à activer des ressources à la demande qui définit la zone à risque. Moody’s l’exprime frontalement : aucune institution ne peut aujourd’hui se permettre un relâchement.

Homme age penseur dans un cafe francais

Comment évaluer la fiabilité de sa banque et s’informer en tant que consommateur

Pour confier son argent à un établissement, il est judicieux de s’assurer de la protection effectivement assurée. Le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution protège jusqu’à 100 000 euros par titulaire et par établissement, pour tout type de compte, livret ou LDDS, y compris dans les banques en ligne. Quant à l’assurance vie, ce sont 70 000 euros par assureur qui sont couverts.

S’informer ne traduit pas une anxiété permanente, mais relève du simple réflexe citoyen. La liste complète des banques relevant du dispositif, les plafonds de garantie ou encore le détail des engagements figurent dans leurs documents publics : rapports annuels, informations réglementaires, alertes de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution ou Banque de France. Ces ressources permettent de comprendre l’exposition aux marchés, le ratio LCR et la structure réelle des actifs liquides.

Indicateurs à surveiller :

Certains éléments apportent des repères concrets pour mesurer la solidité d’un établissement :

  • Ratio de liquidité à court terme (LCR) : capacité à faire face à des retraits massifs sur une période de trente jours
  • Qualité des actifs : diversité des portefeuilles, simplicité de revente en cas d’urgence
  • Dispositif de garantie : informations claires sur les sommes couvertes et conditions

La vigilance s’étend aussi à la clarté des offres : frais, modalités de crédit, sécurité des démarches en ligne. Pour qui veut comparer les pratiques ou suivre les évolutions du marché, il existe des comparatifs indépendants et une presse spécialisée active. Cela limite les angles morts sans céder à la panique.

L’équilibre du secteur bancaire français tient sur un fil sensible. Aujourd’hui, tout le monde doit redoubler d’attention : la pérennité d’une grande banque, aussi réputée soit-elle, ne se décrète jamais à l’avance.

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